Cameroun – Abus de pouvoir: Les proviseurs de lycée ont désormais des Sp

Illégalement institué, il est l’homme de main du chef d’établissement, celui qui gère ses dossiers compromettant, fait et défait les carrières des enseignants.
La pratique gagne du terrain dans les grandes métropoles. Désormais la nomination d’un proviseur, dans un lycée connu d’un large public, donne lieu à l’avènement d’un Secrétaire particulier (Sp). Dans les villes de Yaoundé et Douala, où le phénomène est devenu banal, les proviseurs de lycée ont vite fait d’imposer à leurs collègues, « une doublure » d’un autre genre. En violation de la réglementation en vigueur, le Sp vient supplanter le classement hiérarchique dans les lycées. « Il s’agit d’un puissant personnage non prévu par des textes organiques et inconnu du fichier de l’Etat », souligne Souley Daouda, l’inspecteur général des services (Igs) du ministère des Enseignements secondaires (Minesec). Bénéficiant des bonnes grâces du chef d’établissement, le Sp s’érige en détracteur des censeurs, surveillants généraux et enseignants. A force de violation, il est devenu la deuxième personnalité du lycée, d’autant plus que pour obtenir un rendez-vous avec le proviseur, il faut passer par lui. « Ne vous méprenez pas, le secrétaire particulier du chef de l’établissement n’est pas là pour permettre la bonne gestion de l’établissement, encore moins pour gérer uniquement les affaires courantes du proviseur. C’est pas lui, que se développe toutes formes de trafic d’influence et de corruption scolaire», relève sous cape un enseignant. Pour l’Igs du Minesec qui décrie vertement cet état de choses à la veille de la rentrée scolaire, le Sp est « le médiateur des parents par rapport au dossier de recrutement, l’ami intime du comptable de l’association des parents d’élèves et enseignants ». Allez donc savoir pourquoi ? D’après Souley Daouda cette situation renseigne du degré de corruption et du dysfonctionnement de certains établissements scolaires. Dès lors qu’elle entraine le non-respect des textes réglementaires ainsi que la mauvaise utilisation des ressources humaines, à cause des frustrations accumulées par le corps enseignant. « Nous sommes généralement heurtés de voir que, certains proviseurs laissent agir leurs hommes de main, dans des domaines parfois techniques et qui concernent l’avenir des élèves », indique Albert Tenang. De l’avis de l’enseignant d’histoire, les pouvoirs excessifs donnés au Sp n’est que le dévoilement des intentions mercantiles de ceux qui les ont placés. Vivement que la Commission nationale anti-corruption, ne se confine pas à la production des communiqués en cette rentrée scolaire 2015-2016, pour signaler les méfaits de la corruption.

Luc Justin Kamguia, 237online.com

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