Cameroun – Vie privée des personnalités: Jusqu’où peuvent aller les médias? :: Cameroon

L’affaire Hollande-Gayet révélée récemment par le magazine people Closer est venue relancer le débat.François Hollande, le Président Français aurait, depuis des mois, une liaison amoureuse avec une autre femme que sa compagne officielle. En tout cas, c’est ce qu’a dévoilé le magazine People Closer. C’était le 10 janvier 2014. L’heureuse élue est Julie Gayet. 41 ans. Problème, il est Président de la République. Un homme public, dont les «laves staries», doivent rester dans les placards ou les couloirs de l’Elysée, à Paris en France. Les médias ne doivent pas en parler parce qu’il y a «une loi qui (le) protège» déclarait-il lors d’une conférence de presse, le 13 janvier 2014. Le Tsunami médiatico-politique provoqué par la publication de cette liaison n’a pas encore fini de faire des dégâts sur François Hollande et sur le Président de la République. Il a cependant eu le mérite de relancer le débat autour d’une question: jusqu’où la presse peut-elle aller dans la publication d’informations sur la vie privée des personnalités publiques?

En janvier 2006 au Cameroun, plusieurs journaux étaient allés loin sur le sujet. Amougou Belinga, Directeur général du groupe de Presse l’Anecdote et Biloa Ayissi, direc¬teur de la publication la nouvelle Afrique avaient alors publié des listes des personnalités présumées homos*e*xuelles au Cameroun. Parmi les personnalités visées, les journalistes indexaient des figures politiques, religieuses, du monde des affaires, des arts… Inutile de revenir sur les soupçons fondés de désinformation et de lynchage que ces fameuses listes ont charrié au sujet de beaucoup de ces personnalités il convient de ne retenir que l’aspect de la vie privée de ces personnalités mis en lumière dans cette affaire.

D’autres médias, notamment l’hebdomadaire Repères traite des informations relatives à la vie privée des personnalités de manière subtile. «Le 25 septembre 2013, nous avons publié un article sur le Sexus Politicus des personnalités camerounaises. Une enquête a été menée. Des informations ont été recoupées, vérifiées, traitées avant d’être publiées» explique Dominique Mbassi, le rédacteur en chef de Repères.

Avis partagés

Dans les deux cas, le sujet a vivement divisé l’opinion publique. Jusqu’où peut donc aller la presse? «On se demande si c’est possible qu’au Cameroun, les médias aient le droit de publier des informations relatives aux loves stories des hommes publics, notamment du Chef de l’Etat, Paul Biya» s’interroge Maximilien Ombé, informaticien. Au Cameroun, la loi stipule que: «lorsque des faits, des événements et des situations mettent en cause la vie privée des personnes, l’éthique professionnelle recommande à la presse de bien soupeser et mettre en équilibre son devoir d’informer et le respect des droits des individus» tente de répondre Ampère Simo, expert en droit.

Qui poursuit: «La règle qui doit guider les médias et les professionnels de l’information dans le traitement des affaires touchant à la vie privée des individus consiste à ne révéler que ce qui est d’intérêt public c’est-à-dire ayant un intérêt général. Il fout pour cela, déterminer comme le relève la doctrine la frontière entre ce qui, relevant de la vie privée des personnes doit être protégé contre toute – révélation indiscrète et ce qui, ayant une incidence ou signification sociale, doit pouvoir être divulgué au nom du droit du public à l’information». Reste donc à fixer la limite entre vie privée et vie publique pour les personnalités publiques comme le conseille Haman Mana, directeur de publication du journal Le jour.

«Peut-on toujours parler de vie privée lorsque celle-ci a des conséquences directes sur la gestion des affaires publiques, des affaires de l’Etat?» demande-t-il. Il est vrai que la réponse à cette question n’est guère aisée. Conséquence, c’est chaque journal qui y va de son tempérament. «Chaque fois que Le jour doit traiter ce type de sujet, c’est avec la grande circonspection» précise Haman Mana.

«Tous les faits et gestes qui sont posés par les hommes publics doivent être relayés» commente pour sa part, Dieudonné Mveng. Qui explique: «Dès lors qu’on est politique, qu’on est une personnalité, on est la boussole de la société. La population prend exemple sur nous. C’est aux personnes publiques de bien se tenir. De phis, ces personnalités doivent savoir qu’il n’y a pas de aie privée lorsqu’on est une personne publique. Les faits qui semblent privés ne le sont plus en réalité».

«Mutations ne prêtera jamais ses colonnes à ce type de sujet dont le but avoué ou non est de jeter des personnalités à la vindicte du public. Il faut, pour que cela mérite l’attention de nos lecteurs et du public, que la vie privée d’un homme public ait des conséquences néfastes directes sur la gestion par lui des affaires publiques et que cela soit démontré. C’est à cette unique condition que nous pouvons en parler» explique Dorine Ekwé, rédactrice en chef délégué de Mutations. On le voit, les points de vue sont divergents…

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