Cameroun – Incendies: Des flammes au coeur des institutions

Les symboles de la République malmenés
Y a-t-il du feu dans le parti des flammes? Coup sur coup d’éminents membres du Rdpc ont été victimes de sinistres en ce moi d’août finissant. L’incendie du domicile du secrétaire général du Comité central du Rdpc Jean Nkuete le 12 août et peu avant, celui du véhicule du député Gaston Komba de la circonscription électorale du Nkam. A ces deux cas s’ajoute l’incendie dans le domicile à Yaoundé d’une sénatrice du Sud-Ouest, c’était au début du mois. Mais par-dessus tout, l’enlèvement de l’épouse du vice-premier ministre et d’un député ne rassure guère…

Si dans le cas du patron du Comité central du Rdpc, les flammes ont ravagé la résidence de Jean Nkuete située à un jet de pierre du stade omnisports de Yaoundé, lui-même installé à moins de trois kilomètres de la base des sapeurs pompiers de Mimboman , l’honorable Komba a constaté impuissant que toute la partie avant de sa Land Cruiser de marque américaine a été calcinée à l’entrée du palais des congrès de Yaoundé. Il y a des coïncidences qui suscitent des interrogations, en cette période ou toutes les questions sont ouvertes. Au palais des congres, lieu réputé sécurisé, le véhicule du député Komba est tout simplement méconnaissable, le pare-brise avant, le tableau de bord et autres conduites du véhicule sont totalement calcinés. Cette fois-ci pourtant, les sapeurs pompiers promptement arrivés sur cet itinéraire présidentiel ont pu maitriser les flammes, malgré les dégâts. C’est la 2è fois que l’honorable échappe à un incendie. La première fois il y a quelques mois, on s’était rendu compte après coup que le bouchon d’un collecteur essence vers le moteur était débranché…

Si Jean Nkuete s’installe rarement dans les colonnes des faits divers, cette fois-ci, il y a été propulsé par des flammes mystérieuses venues, dit on, de sa bibliothèque. Les pompiers de Mimboman à un jet de pierre du domicile du Sg du CC du Rdpc n’ont pas pu circonscrire à temps l’incendie de sa résidence. « Nous avons appelé les sapeurs à plusieurs reprises sans qu’ils ne décrochent le téléphone », affirment des témoins. Mains criminelles ou simples accidents ? Dans les trois cas, il est encore difficile de dire pourquoi le feu s’intéresse de si près aux symboles du parti au pouvoir.

et de …la République. Jouons-nous avec le feu ? L’année dernière, il ne s’est pas passé un mois sans qu’une administration ou un établissement public ne soit victime d’un incident ou d’un cambriolage. En l’espace d’une semaine en fin d’année, deux incendies se sont déclenchés dans les services du ministère de la Santé. L’un dans les «services centraux», pas loin du cabinet du ministre, dans le bureau du directeur de la logistique. C’était le 6 décembre 2013. Le 13 décembre une autre alerte au feu a été lancée à la direction de la Santé communautaire située un demi-kilomètre plus loin. Dans les deux cas, les sapeurs-pompiers n’ont pas pu empêcher le feu de se propager.

D’incendies au cambriolage, il n’y a qu’un pas franchi par des visiteurs de l’ombre. A la Fédération camerounaise de football et au ministère de la Défense. Si la disparition d’archives a été signalée a la Fecafoot, au ministère de la Défense, c’est le bureau d’un général logé en plein cœur du quartier général de l’armée qui a été mis à sac le 27 novembre 2013. Des indiscrétions font état de quelque petits millions de francs Cfa en liquide qui se seraient évaporés en même temps que des piles de documents.

Le contexte politico-sécuritaire actuel permet de se poser des questions sur ces faits et d’autres plus récents qui plombent la confiance au sein de la République dont les symboles ont du mal à se maintenir dans leur intégrité. Le 27 juillet, presqu’un mois jour pour jour, la résidence du vice premier ministre a fait l’objet d’une attaque armée par des assaillants non identifiés, quoi qu’on en dise. Plus grave, son épouse a été prise en otage et jusqu’aujourd’hui, aucun indice officiel ne permet de dire si elle est encore vivante. Pour ne rien gâter, la presse parle abondamment ces jours-ci de l’enlèvement du frère du directeur général de la Société nationale de raffinage du Cameroun par les membres de la secte islamiste Boko Haram.

Le député Rdpc du Mayo-Sava, Abba Malla Boukar avec deux de ses proches collaborateurs seraient, selon des informations non officielles, retenus par les membres de la nébuleuse islamiste alors qu’ils partaient, apprend-on, négocier la libération des otages de Kolofata. Député Rdpc du Mayo Sava, Abba Malla est présenté comme un proche du Vice-premier ministre et l’un des principaux négociateurs lors des enlèvements des occidentaux dans le septentrion. Si cette information s’avérait fondée, il y a donc fort à parier que le Cameroun est résolument entré dans l’œil du cyclone, nourri par un climat délétère au cœur même de la République…La mise au secret d’un leader politique participe de cette réalité.

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