Dans un pays où la moyenne d’âge est de 18 ans, c’est un vieillard de 90 ans, souvent absent et malade, qui continue de présider la deuxième institution du Cameroun. Marcel Niat Njifenji vient d’être reconduit à la tête du Sénat avec 87 voix sur 90, une mascarade démocratique qui ne trompe personne.
Un “fantôme” aux commandes du Sénat
L’homme qu’on surnomme désormais “le sénateur fantôme” sur les réseaux sociaux passe plus de temps dans les hôpitaux européens que dans l’hémicycle. Depuis des mois, ses rares apparitions publiques se comptent sur les doigts d’une main. “On élit un absent permanent”, confiait un sénateur de l’opposition. “Comment peut-il diriger nos travaux depuis son lit d’hôpital en Suisse?”
Cette farce politique prend une dimension inquiétante quand on rappelle que ce nonagénaire est, selon la Constitution, le successeur désigné du président Paul Biya en cas de vacance du pouvoir. Un scénario qui fait frémir quand on connaît l’état de santé précaire de celui qui devrait alors prendre les rênes du pays.
La gérontocratie verrouille les institutions
Cette réélection s’inscrit dans une stratégie évidente du RDPC pour maintenir le statu quo à l’approche de la présidentielle de 2025. Avec Cavaye Yeguié Djibril (89 ans) à l’Assemblée nationale et Niat au Sénat, le parti au pouvoir s’assure que rien ne changera. Pendant ce temps, la jeunesse camerounaise désespère devant ce verrouillage institutionnel par des dinosaures politiques accrochés à leurs privilèges.
Cette situation grotesque serait risible si elle n’était pas symptomatique de la crise de gouvernance que traverse le Cameroun, où l’âge et la fidélité priment sur la compétence et la vitalité nécessaires pour affronter les défis du XXIe siècle.